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Confinement et microplastiques : quand le campus se transforme en laboratoire à ciel ouvert

Le confinement imposé lors de la pandémie de la COVID-19 s'est révélé être une opportunité inédite pour scruter divers phénomènes et mesurer l'influence de différentes industries sur la pollution dans les régions rurales. Quelle meilleure période que l'arrêt total d'un pays pour entreprendre des recherches approfondies sur le terrain ?

 

À travers l'article intitulé "L'impact significatif du confinement lié à la COVID sur les taux de dépôt atmosphérique total de microplastiques", co-écrit par Max Beaurepaire, doctorant au sein du Laboratoire Eau, Environnement et Systèmes Urbains (Leesu), Johnny Gasperi, directeur de recherche au Laboratoire Eau et Environnement de l'Université Gustave Eiffel, Bruno Tassin, directeur de recherche et Rachid Dris, Maître de Conférences à l'Université Paris-Est Créteil, tous les deux affiliés au Leesu, l’étude revient sur une expérimentation menée pendant les deux périodes de confinement.

 

Cette étude vise à évaluer de manière directe l'impact des activités humaines sur les microplastiques présents dans l'air, en se basant sur les données collectées depuis le campus de Marne-la-Vallée.

L'étude de la pollution microplastiques dans l'environnement est devenue un sujet de recherche majeur depuis 2004, mais la contamination du compartiment atmosphérique et des retombées atmosphériques a été mise en évidence pour la première fois dans la région parisienne en 2015.

À ce jour, bien que les facteurs influençant le dépôt atmosphérique des polluants soient bien compris, des données expérimentales font encore défaut pour soutenir la modélisation de la dynamique atmosphérique des microplastiques.

Deux catégories de facteurs sont suspectées d'influencer les taux de dépôt des microplastiques : les conditions météorologiques et les caractéristiques locales du site. Alors que la littérature scientifique pointe souvent vers ces influences, peu d'études ont jusqu'à présent considéré les variations météorologiques dans la collecte des dépôts atmosphériques.

« La concentration de particules fines a chuté de manière spectaculaire lors du premier confinement, enregistrant une diminution de 80%. C’était une opportunité unique pour mieux comprendre le comportement des microplastiques dans notre atmosphère. », souligne Johnny Gaspéri, Directeur de Recherche au Laboratoire Eau et Environnement de l’Université Gustave Eiffel.

L’étude utilise une méthodologie de quantification récemment développée pour fournir des données comparatives inédites sur les dépôts atmosphériques de microplastiques sur un site urbain pendant une période normale d'activité et une période de confinement national. L'objectif est de profiter de la réduction temporaire d'émissions majeures de microplastiques due à cette période d'activité urbaine fortement réduite pour :

  • Obtenir des données empiriques sur l'impact immédiat des activités humaines sur les microplastiques atmosphériques ;
  • Contribuer à de futures études de modélisation en produisant des données de dépôt atmosphérique de microplastiques sur un site urbain déjà étudié ;
  • Documenter l'importance relative des précipitations et des sources d'émission sur le dépôt atmosphérique de microplastiques

Les dépôts atmosphériques totaux ont été collectés sur le campus de l’Université Gustave Eiffel à Champs-sur-Marne, à 15 km à l'est de Paris, entouré d'une densité de population d'environ 3 500 habitants/km2 dans un rayon de 5 km. L'échantillonneur était positionné à une hauteur d'environ 10 mètres au-dessus du sol, sur la partie plate d'un toit végétalisé d'un bâtiment du campus.

« Les expériences menées pendant le confinement révèlent des taux jusqu'à 6 fois plus bas qu'en période post-COVID. Cela souligne la présence d'un nombre significatif de particules dans l'atmosphère. La question qui se pose alors est la suivante : d'où proviennent celles qui persistent ?»

Plusieurs sources potentielles de microplastiques ont été identifiées autour du site d'échantillonnage, notamment des infrastructures de transport, des travaux de construction, et la présence quotidienne d'étudiants et de travailleurs sur le campus.

Au total, 1498 microplastiques ont été identifiés au cours des deux campagnes de surveillance menées en 2020 et 2021.

Ces résultats contribuent, au niveau mondial, à éclairer la compréhension des dynamiques complexes des microplastiques atmosphériques, tout en soulignant l'importance de l'activité humaine et des conditions météorologiques dans ce phénomène.

 


Références :

Co-auteurs :

 

  • Max Beaurepaire, Leesu (Laboratoire Eau, Environnement et Systèmes Urbains), École des Ponts ParisTech
  • Bruno Tassin, Leesu (Laboratoire Eau, Environnement et Systèmes Urbains), École des Ponts ParisTech
  • Rachid Dris, Leesu (Laboratoire Eau, Environnement et Systèmes Urbains), Université Paris-Est Créteil
  • Johnny Gasperi, LEE (Laboratoire Eau et Environnement), Université Gustave Eiffel